Temporalité et spatialité musicales de la conscience morbide

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Deux axes principaux articulent ces recherches.

L’un porte sur la compréhension de la conscience morbide dans l’œuvre musicale : nous ne visons, dans les analyses d’œuvres, de Barraqué et de Zimmermann – d’autres suivront –, ni à une psychanalyse du musicien, à l’image de nombre d’études sur Robert Schumann ou sur Hugo Wolf, ni à une lecture psychiatrique de la musique, établissant un diagnostic et rendant indivises analyse musicale et analyse clinique, mais à un socle de résonance, au leitmotiv de la biographie, de l’expérience, de l’esthétique et de la philosophie de l’art, afin de décrire leur monde, sa temporalité et sa spatialité propre, ainsi que leur manifestation du langage et du silence, mais aussi de mettre en évidence la structure de leur forme d’existence et d’étudier les éléments constitutifs de ces mondes.

Cet axe a impliqué des recherches en histoire de la psychiatrie, dans son versant daseinsanalytique, et plus généralement, en histoire de la médecine, qui ont abouti à l’édition critique, largement commentée, d’essais de Danilo Cargnello et de Giovanni Morelli, ainsi qu’à des communications de Laurent Feneyrou dans le cadre du séminaire de l’École française de Daseinsanalyse et à l’Institut des humanités en médecine de Lausanne.

En outre, centrées sur la temporalité des œuvres de Bernd Alois Zimmermann (Les Soldats, Requiem pour un jeune poète, Ich wandte mich und sah an alles Unrecht das geschah unter der Sonne…), des recherches philosophiques s’imposent, qui portent principalement sur ses sources bibliques, musicales et musicologiques (Traité d’harmonie d’E. Pound, « …comment passe le temps » de K. Stockhausen, théories de M. Hauptmann) et philosophiques (saint Augustin, Husserl et Heidegger, mais aussi divers représentants de la philosophie allemande néo-kantienne et phénoménologique, explicitement mentionnées par Zimmermann), en vue d’une exégèse ligne à ligne de l’essai « Intervalle et temps », ainsi que des principaux articles du compositeur relatifs à ce thème.

Ce projet s’accompagne d’un second axe : l’édition critique d’œuvres de jeunesse inédites de Jean Barraqué aux éditions Bärenreiter, réalisées par Laurent Feneyrou, Michael Töpel, Aurélien Maestracci et Frédéric Durieux.

Après la Sonate pour violon, dont la première audition a eu lieu au Théâtre des Bouffes du Nord, le 30 novembre 2009 dans le cadre du Festival d’automne à Paris (Caroline Caroline Widmann, violon), après la création de pièces pour piano (1947-1950) (Nicolas Hodges, piano) et du Quatuor à cordes (Quatuor Diotima) dans le cadre du festival Musica de Strasbourg, le 5 octobre 2011, le festival Ultraschall de Berlin a donné, en janvier 2012, de nouvelles créations : Ecce videmus eum, pour chœur mixte a cappella (RIAS Kammerchor, sous la direction de Hans-Christoph Rademann), La nature s’est prise aux filets de ta vie, pour flûte, clarinette basse, tambour, cymbale suspendue, chœur, contralto solo et piano (RIAS Kammerchor et Kammerensemble Neue Musik Berlin, sous la direction de Hans-Christoph Rademann), Trois Mélodies (1948), la Petite Chanson pour Gravigny (1948), Deux Mélodies sur des poèmes de Paul Valéry (1948-1949), La Porte ouverte (1949), Les nuages s’entassent sur les nuages (1950) et la première des Trois Mélodies (1950) (Anja Petersen, soprano, Nicolas Hodges, piano), dont le cycle complet est créé à Genève, 20 novembre 2016, dans le cadre de la saison de Contrechamps (Christina Daletska, contralto, et Stefan Wirth, piano). Ont suivi des partitions plus conséquentes : le ballet pour orchestre Melos, créé à Cologne, 24 juin 2017 (WDR Sinfonieorchester Köln, sous la direction de Jean-Michaël Lavoie) et la Musique de scène, créée à Vienne, le 6 novembre 2017 (ensemble sirene, sous la direction de François-Pierre Descamps).

La dernière œuvre inédite de Barraqué, La Nostalgie d’Arabella (en cours de publication), sera créée en 2021, à Paris. Ces œuvres devraient par ailleurs faire l’objet d’un enregistrement discographique. Le travail éditorial s’accompagne de la rédaction d’articles (articles scientifiques, entrée Barraqué de la base Brahms, préfaces des partitions, notices de vulgarisation…).

Référence des publications et interventions

Barraqué

Laurent Feneyrou, « …les fertilités prendront le visage du destin… Michel Foucault et Jean Barraqué » (Frédéric Gros, Philippe Artières, Jean-François Bert et Judith Revel, éds.), Foucault, Paris, L’Herne, 2011, p. 268-270.

Laurent Feneyrou, « Parcours de l’œuvre [de J. Barraqué] », B.R.A.H.M.S. - Base de documentation sur la musique contemporaine, Paris, Ircam, 2012.

Laurent Feneyrou, « Une analytique de Debussy. "De l’aube à midi sur la mer" selon Jean Barraqué », Regards sur Debussy (Myriam Chimènes et Alexandre Lederich, éds.), Paris, Fayard, 2013, p. 383-398.

Jean Barraqué, Sonate pour violon seul (Laurent Feneyrou, éd.), Kassel, Bärenreiter BA 9374 (2009).

Jean Barraqué, Ecce videmus eum (Laurent Feneyrou, éd.), Kassel, Bärenreiter BA 11017 (2011).

Jean Barraqué, La nature s’est prise aux filets de ta vie (Laurent Feneyrou, éd.), Kassel, Bärenreiter BA 11103 (2011).

Jean Barraqué, Trois Mélodies (Laurent Feneyrou, éd.), Kassel, Bärenreiter BA 11107 (2012).

Laurent Feneyrou, « Sérialismes de l’inachèvement. Autour de Jean Barraqué », Théories de la composition musicale au xxe siècle (Nicolas Donin et Laurent Feneyrou, éds.), Lyon, Symétrie, 2013, p. 887-908.

Jean Barraqué, Neuf Mélodies de jeunesse (Laurent Feneyrou, éd.), Kassel, Bärenreiter BA 11035 (2013).

Laurent Feneyrou, « Un roman d’apprentissage : les mélodies de jeunesse de Jean Barraqué », Revue de musicologie, 100/1 (2014), p. 99-136.

Laurent Feneyrou, « Séries en série. Jean Barraqué, à l’aune de Gilles Deleuze et de Michel Foucault (et Pierre Boulez non loin de là) », Gilles Deleuze. La pensée-musique (Pascale Criton et Jean-Marc Chouvel, éds.), Paris, CDMC, 2015, p. 15-28.

Laurent Feneyrou, « Zwischen den Künsten », Neue Zeitschrift für Musik, 6 (2017), p. 8-21.

Jean Barraqué, Melos (Frédéric Durieux, Laurent Feneyrou et Aurélien Maestracci, éds.), Kassel, Bärenreiter, BA 11119 (2017).

Jean Barraqué, Musique de scène (Laurent Feneyrou, éd.), Kassel, Bärenreiter, BA 11161 (2017).

Laurent Feneyrou, « Jean Barraqué. Chemins vers le sérialisme », De la Libération au Domaine musical. Dix ans de musique en France (1944-1954) (Laurent Feneyrou et Alain Poirier, éds.), Paris, Vrin, 2018, p. 380-390.

Laurent Feneyrou, « Où la fugue mûrit, sur les noires clefs de sol », Dissonance, 141 (2018), p. 15-20.

Jean Barraqué, La Nostalgie d’Arabella (Laurent Feneyrou et Aurélien Maestracci, éds.), Kassel, Bärenreiter (en cours de publication).

Laurent Feneyrou, « Une archéologie des séries proliférantes. Jean Barraqué et l’idée sérielle » (à paraître).

Zimmermann

Séminaire « Création musicale, histoire et trauma : autour du Requiem pour un jeune poète de Bernd Alois Zimmermann » : les 7 et 21 mars 2009 de 10 à 13 h au CNSMDP, salle Maurice-Emmanuel (niveau -1), 209 av. Jean-Jaurès, Paris XIXe.

Laurent Feneyrou, « Parcours de l’œuvre [de B. A. Zimmermann] »B.R.A.H.M.S. - Base de documentation sur la musique contemporaine, Paris, Ircam, 2009.

Laurent Feneyrou, « La sphère du temps chez Bernd Alois Zimmermann », Les Cahiers des 3 mondes, 2 (2008), p. 63-70.

Laurent Feneyrou, « Sub caeloL’Ecclésiaste 3, 11, selon Bernd Alois Zimmermann », Religiosité et musique au xxe siècle (Nathalie Ruget, éd.), Paris, OMF, 2010, p. 91-104.

Laurent Feneyrou, « Compte rendu du livre de Laurence Helleu Les Soldats de Zimmermann. Une approche scénique »Filigrane, 13 (2011), p. 197-200.

Laurent Feneyrou, « Tableau de Cologne, avec Karlheinz Stockhausen en pied. Entretien avec Konrad Boehmer », Dissonance, 118 (2012), p. 30-38.

Laurent Feneyrou, « Bernd Alois Zimmermann et la philosophie du temps », Regards croisés sur Bernd Alois Zimmermann (Philippe Albèra et Pierre Michel, éds.), Genève, Contrechamps, 2012, p. 191-251.

Laurent Feneyrou, « Entretien avec Sabine von Schablowski », Regards croisés sur Bernd Alois Zimmermann (Philippe Albèra et Pierre Michel, éds.), Genève, Contrechamps, 2012, p. 255-264.

Laurent Feneyrou, « Écrire la mort. Sur le Requiem pour un jeune poète de Bernd Alois Zimmermann », Psychologie clinique, 34 (2012), p. 167-181.

Laurent Feneyrou, « L’Un, le chaos et le cratère. Intervalle et temps chez Karlheinz Stockhausen et Bernd Alois Zimmermann », Produire le temps (Hugues Vinet, éd.), Paris, Hermann, 2014, p. 127-162.

Laurent Feneyrou, « Mélopée, logopée et phanopée dans le Requiem pour un jeune poète de Zimmermann », Dire/Chanter : passages (Béatrice Ramaut-Chevassus et Anne Damon-Guillot, éds.), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2014, p. 291-311.

Laurent Feneyrou, « …Il est minuit sur les colonnes d’Hercule… Bernd Alois Zimmermann, lecteur et interprète d’Ezra Pound », Le Choix d’un poème. La poésie saisie par la musique, (Antoine Bonnet et Frédéric Marteau, éds.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, p. 69-93.

Laurent Feneyrou, « Les Soldats de Bernd Alois Zimmermann et la sphéricité du temps », L’Espace « sensible » de la dramaturgie musicale (Héloïse Demoz, Giordano Ferrari et Alejandro Reyna, éds.), Paris, L’Harmattan, 2018, p. 343-359.

Laurent Feneyrou, « Apocalypse militaire. Vers la dernière scène des Soldats de Bernd Alois Zimmermann » (à paraître).

Divers

Danilo Cargnello, Les Formes fondamentales de la présence humaine chez Binswanger (Laurent Feneyrou, éd.), Paris, Vrin, 2016.

Musique et maladie de Giovanni Morelli (Laurent Feneyrou, éd.), Château-Gontier, Aedam Musicae, 2017.

Laurent Feneyrou, Le Chant de la dissolution, Paris, Philharmonie de Paris, 2018.

Équipe Ircam : Analyse des pratiques musicales

Date de début : 2008

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